Le mémorial de Bisesero : le Mémorial de la Résistance

Bisesero est une chaîne de collines se trouvant à l’ouest du Rwanda, à proximité de Kibuye et du lac Kivu. Au cours des massacres pré-génocidaires de 1962 et 1973, les Tutsi de la région avaient massivement fui vers la colline de Bisesero-Muyira où ils avaient réussi à se défendre. En 1994, croyant y trouver une nouvelle fois le salut, plus de 50.000 Tutsi se réfugient sur cette colline et résistent aux attaques meurtrières des Forces armées rwandaises et des Interahamwe avec des lances, des machettes, des pierres et de simples bâtons. Malgré leurs efforts, les Tutsi sont nombreux à mourir sous les coups de leurs assassins.

Le 27 juin 1994, une patrouille française de l’Opération Turquoise arrive fortuitement sur les lieux. Se croyant sauvés, les rescapés sortent de leurs cachettes, mais la patrouille ne peut rester et promet de revenir en nombre plus tard. Dès son départ, les tueries reprennent avec plus d’ardeur puisque les tueurs connaissent à présent l’emplacement des caches des Tutsi.

La complicité de la France?

Le mémorial qui se dresse aujourd’hui sur cette colline rappelle, dans la mémoire rwandaise, la résistance au génocide. Construit en 1998, le Mémorial évoque le calvaire subit par les victimes. A l’entrée, des milliers de pierres sont entassées dans lesquelles sont plantées 9 lances, arme traditionnelle rwandaise avec laquelle les victimes ont tenté d’échapper à la mort. Puis, un étroit escalier très incliné invite le visiteur à monter au sommet de la colline. Ce chemin passe par trois maisons, contenant chacune trois pièces, soit un total de 9 pièces, symboles des 9 communes de la Préfecture de Kibuye. Dans ces pièces, des os humains sont exposés. Au sommet de la colline gisent les 50.000 victimes ensevelies dans des tombes collectives.

Rencontre avec des rescapés de Bisesero : à l’issue de la visite de Bisesero, le groupe a l’opportunité de rencontrer des rescapés de Bisesero qui vivent tous aux alentours et, pour certains, ont épousé en seconde noce des femmes issues des familles des tueurs.


La Cantate de Bisesero

En 2000, le spectacle Rwanda 94 est créé par le Groupov, un collectif d’artistes liégeois. Ce spectacle, conçu comme une tentative de réparation symbolique envers les morts à l’usage des vivants, était un choc théâtral émotionnel et politique. La Cantate de Bisesero en est la dernière partie, elle relate la résistance héroïque des habitants de la région de Kibuye. Le livret se nourrit des témoignages des rescapés collectés par Rakiya Omar pour African Rights.

Composition et direction musicale de Garret List, texte de Jacques Delcuvellerie et Mathias Simon.